Trois Présidents de l’APPEM ont soufflé les bougies à l’occasion des 20 ans de l’association lors de l’Assemblée Générale du 09-07-2022
De gauche à droite : Christian Cordonnier, Gilbert Richaud et René Valla.
La Tribune – Le Progrès du 04-08-2022
Haute-Loire Vingt ans à défendre les paysages du Mézenc : « On rasait les murs, les éoliennes avaient une bonne image »
L’Association pour la préservation des paysages exceptionnels du Mézenc s’est imposée comme une référence de la protection du patrimoine du massif. Tout a commencé en 2002, lorsque seize éoliennes devaient être bâties à Saint-Front.
Nicolas BINOUX (nicolas.binoux@leprogres.fr)
« On voulait laisser ces fantastiques paysages tels quels et les préserver d’implantations industrielles », se souvient le président de l’APPEM Gilbert Richaud.
Photo Progrès/Yves SALVAT
Elle s’est « fondue dans le paysage » parce qu’elle voulait le défendre. L’Association pour la préservation des paysages exceptionnels du Mézenc (APPEM), née du combat contre l’installation d’éoliennes au Champ du Pin fête ses vingt ans d’action sur le massif. Les mots sont de son trésorier Jean Martin, qui l’a rejointe en 2004.
L’association portait alors son combat devant la justice administrative pour empêcher l’érection de seize éoliennes sur ce terrain entre Saint-Front, Champclause et Montusclat. L’affaire s’enclenche en 2002, lorsque les permis de construire sont déposés par la société SPIE, porteuse du projet. « Imaginez un peu : seize éoliennes de 120 mètres de haut ! On voulait laisser ces fantastiques paysages tels quels et les préserver d’implantations industrielles, justifie Gilbert Richaud, président de l’association et membre de la première heure. Le pays du Mézenc était alors éloigné de tout et miraculeusement préservé. »
Point d’opposition aux éoliennes en elles-mêmes et à leur capacité à fournir de l’énergie – « nous ne sommes pas à même de juger de la politique énergétique de la France », répète encore Jean Martin -, mais seulement l’envie de protéger « un paysage au sens large : sa biodiversité, sa culture et son patrimoine ». Les éoliennes oui, mais ailleurs.
Plusieurs victoires
L’APPEM fit vaincre sa cause en attaquant par tous les angles. En 2005, la cour administrative d’appel de Lyon empêche la construction de quatre éoliennes en raison de leur proximité avec des habitations. Deux ans plus tard, le reste du projet est enterré par le tribunal administratif de Clermont-Ferrand parce que les travaux n’avaient pas été lancés par SPIE, rendant caduc les permis de construire. « Ils avaient amené des pelleteuses et creusé quelques trous les jours avant la date limite, mais rien n’avait vraiment été initié. C’est ce qu’a retenu le juge », continue Gilbert Richaud.
Suivront d’autres victoires contre des programmes d’implantation à Freycenet-la-Tour (six éoliennes verront le jour au lieu des huit prévues à l’origine), au Mazet-Saint-Voy et aux Vastres (la préfecture de la Haute-Loire, soutenue par l’APPEM, avait refusé le permis de construire de cinq éoliennes. Un second projet est en cours – lire par ailleurs).
Près de 220 adhérents
Son autre grand succès sera l’adhésion remportée parmi la population. « Ça n’a pas été facile au début. On rasait presque les murs tant les éoliennes avaient une bonne image. Et puis beaucoup d’habitants du cru ne voulaient pas exprimer leur opposition de peur d’être mal vus », se rappelle le président.
Le maire de Saint-Front Philippe Delabre, déjà en poste à l’époque, décrit « un climat social assez inconfortable. Les habitants du village étaient largement favorables à ce qu’on appelait alors la ferme éolienne, qui devait occasionner des recettes fiscales considérables. Des choses auraient pu être faites avec »
Les choses changent avec les années et les locaux investissent l’association. À mesure qu’elle engrange des adhérents (environ 220 aujourd’hui contre une vingtaine en 2002), l’APPEM gagne sa place à la table des instances environnementales de Haute-Loire. En 2008, elle devient membre de la commission départementale de la nature, des paysages et des sites (CDNPS). Trois ans plus tard, elle est reconnue comme organisme d’intérêt général concourant à la défense de l’environnement. L’APPEM s’est inscrite dans le Mézenc.
Le deuxième projet éolien des Vastres « suivi de près »
Aux Vastres, BayWa r.e. et Quénéa’ch prospectent pour installer sept éoliennes. Les deux entreprises avaient déjà tenté une opération similaire dans la commune, mais en 2018, la préfecture de la Haute-Loire avait refusé la construction de cinq éoliennes de 150 mètres de hauteur pour ne pas « bris [er] l’harmonie des paysages du plateau du Mézenc », notant « l’inacceptation sociale du projet ». Le tribunal administratif de Clermont-Ferrand avait confirmé cette décision en 2021. Les promoteurs espèrent cette fois convaincre la population avec un programme différent. La phase de concertation est en cours, à laquelle l’APPEM ne souhaite pas participer pour « ne pas faire le jeu des promoteurs », d’après son président Gilbert Richaud.
Une exposition et une conférence sur les zones humides
Pour la treizième année consécutive, l’Association pour la préservation des paysages exceptionnels du Mézenc (APPEM) organise une exposition sur le Mézenc et son environnement. Du 5 au 13 août, à la salle polyvalente des Estables, l’APPEM présentera une série de panneaux documentaires mettant en valeur les zones humides du massif et leur importance pour l’environnement local. « C’est une action de sensibilisation au sens large », explique la responsable des événements de l’été de l’association, Anne Depretto. Le 11 août, Jacques-Louis de Beaulieu, directeur de recherche émérite au Centre national de la recherche scientifique (CNRS), animera une conférence sur les tourbières et le pollen. Il expliquera comment les grains de pollen conservés dans les zones humides reconstruisent les paysages et climats du passé.
L’ÉVEIL DU 05-08-2022
Les Estables
Un paysage préservé depuis 20 ans
Un paysage merveilleusement sauvegardé.
© Droits réservés
L’Association pour la préservation des paysages exceptionnels du Mézenc (Appem) a déjà 20 ans. Regard dans le rétroviseur.
L’association a été créée en mars 2002 par un groupe de personnes ayant décidé de militer contre un projet d’implantation d’un parc éolien industriel sur le site de la Champ du Pin (communes de Saint-Front et de Champclause), qui aurait « gravement porté atteinte au paysage exceptionnel qu’offre ce plateau sur le massif Mézenc-Meygal ».
Le thème directeur est « Les Zones humides dans le domaines Meygal Mézenc Gerbier ».
L’Appem a pour objet, sur le territoire Mézenc/Meygal/Gerbier la préservation et la promotion des paysages, des espaces naturels sensibles, du cadre de vie, de la biodiversité et des éléments représentatifs de la culture, des traditions et de l’architecture locale en contribuant à mieux les faire connaître, en luttant contre leur dégradation et les atteintes pouvant les affecter.
Autour de trois axes
Les actions de l’Appem se déclinent autour des axes suivants :
Mieux faire connaître les paysages, les espaces naturels sensibles, le cadre de vie, la biodiversité, les éléments représentatifs de la culture, des traditions et de l’architecture locale en proposant des expositions, des débats, des conférences et des randonnées thématiques.
Lutter contre les atteintes pouvant les affecter, en particulier les projets éoliens à proximité et en covisibilité du Mézenc et du Gerbier de Jonc, sites classés. Elle a réussi à faire annuler ou réduire les projets de La Champ du Pin, Freycenet-Latour/Moudeyres, Les Vastres et Lavillatte.
Participer à la réflexion et au débat sur l’environnement en organisant des expositions et des conférences sur les thèmes de l’énergie, des espaces sensibles, de la biodiversité et du cadre de vie (architecture traditionnelle du massif notamment) et en participant à diverses instances de concertation sur ces thèmes. Elle est aussi habilitée à participer au débat sur l’environnement dans le cadre des instances consultatives départementales et membre de la Société pour la protection des paysages et de l’esthétique de la France (SPPEF).
C’est à ces divers titres que l’Appem, par un document du 18 juin 2018, a apporté sa contribution au projet Sraddet (Schéma régional d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires) de la région Auvergne-Rhône-Alpes.
L’Appem est aujourd’hui partie prenante dans l’élaboration du dossier de labellisation Grand Site de France pour le massif Mézenc-Gerbier.
Fin 2021, l’association pour la préservation des paysages exceptionnels du Mézenc était forte de 210 adhérents.
Diverses manifestations
Et pour ses 20 ans, diverses manifestations sont organisées aux Estables au mois d’août. Le thème directeur est « Les Zones humides dans le domaines Meygal Mézenc Gerbier ».
Une exposition se tient dans la salle d’animation des Estables jusqu’au samedi 13 août et, au même endroit, mercredi 11 août à 18 h 30 une conférence sur ce sujet animée par Jacques-Louis de Beaulieu, directeur de recherche émérite CNRS, université d’Aix-Marseille.