Aigle royal (femelle)
Photo de Christophe Chaize prise dans le territoire du Mézenc (Saint-Clément le 31-01-2019)
La presse locale l’a dévoilé il y a quelques semaines : un couple d’aigles royaux a donné naissance à un aiglon que certains ont pu voir sur un trajet de randonnée.
Ce couple était suivi depuis ces dernières années par nos amis naturalistes de terrain de l’APPEM et ce fut une déception l’an dernier lorsque la reproduction qui semblait être bien partie échoua ! Cela est loin d’être exceptionnel. L’important aujourd’hui est que ce couple reproducteur a son territoire sur lequel il trouve suffisamment de nourriture. La présence de marmottes en divers points de ce territoire doit avoir son importance.
Depuis ces dernières années on voyait des aigles immatures sur le Plateau, souvent houspillés par une nuée de corvidés et même par des faucons crécerelles. En 2015 une femelle avait été trouvée fracassée au pied d’une ligne électrique par le maire des Estables, elle provenait des environs du cirque de Navacelle. Un de nos amis avait pu voir un phénomène oublié par les humains mais ancré chez les moutons : près de Chaudeyrolles un troupeau de brebis s’était brusquement rassemblé lorsqu’un aigle immature l’a survolé d’assez près !
Depuis quand l’aigle royal a- t-il disparu de notre territoire ? Personne n’est là pour en témoigner on peut supposer que c’est au cours de la deuxième moitié du 19ème siècle époque à laquelle l’aigle était classé nuisible et abattu sans ménagement. Il faut savoir qu’il prélevait sans vergogne dans les basses cours de nos aïeux et que c’était un exploit pour un chasseur s’il en abattait un. Souvent l’aigle abattu était cloué aux portes des étables ou des granges ! En Haute-Loire le dernier aigle royal nicheur connu était dans la vallée de l’Allier près d’Alleyras autour de 1950. Il y a peu, on montrait l’emplacement de son aire sur un rocher lorsqu’on prenait le train touristique de la vallée de l’Allier entre Monistrol d’Allier et Langogne.
Notre territoire compte plusieurs endroits où la présence de l’aigle était inscrite sur un rocher où une table de pierre, c’est le cas près de Mézilhac où un petit sommet est signalé comme le pic de l’aigle. Un couple d’aigles royaux aurait même niché à proximité de ce pic il y a peu.
Qu’en est-il de notre aiglon ? Début août on a pu l’observer sur son territoire de naissance, et on dispose des moyens techniques qui permettront de savoir ce qu’il devient. Bernard Ricau qui est l’expert de l’aigle royal dans le Massif Central nous indique que la mortalité de l’aiglon est supérieure à 50% la première année mais aussi que si l’un des deux aigles reproducteurs disparait (accident, maladie…)il est très vite remplacé par un congénère de même sexe, ce qui laisse penser qu’on peut être optimiste quant à la présence d’un couple nicheur dans l’avenir sur le Mézenc !
Cet optimisme doit être nuancé, L’aigle royal est archi-protégé, on compte hélas quelques cas où un aigle mort avait dans son corps des plombs de chasse mais surtout l’homme a implanté partout des engins de destruction (lignes électriques et de plus en plus des éoliennes…), la littérature spécialisée rapporte hélas des cas où un aigle royal a été tué.
Il importe donc que l’APPEM qui depuis quasiment 20 ans a œuvré pour la défense des paysages exceptionnels du Mézenc intervienne sans tarder auprès des autorités départementales pour qu’elles prennent aussi en compte dans la règlementation et leurs décisions, la présence de l’aigle royal sur le territoire.
Deux des naturalistes de terrain de l’APPEM :
Olivier Putz René Valla
PS : on peut lire avec beaucoup d’intérêt le livre de Bernard RICAU et Vincent DECORDE :
L’Aigle Royal
BIOTOPE 22 boulevard Maréchal Foch, BP 58, 34140 Mèze
Photos de Christophe Chaize : Couple d’aigles à Saint-Clément le 20-06-2020